Entretien avec Loic Kervenec, Directeur Général de DATAPRINT
« Dans le monde de l’IoT, l’évolution est permanente, c’est fascinant »
À l’occasion du 7ème Cap’Iot, dédié cette année aux Smart Territoires (les territoires intelligents à l’heure de la transition énergétique et environnementale) , nous avons rencontré le DG de DATAPRINT. Ce fut l’occasion de mieux connaître l’ambition de ce groupe, les valeurs scellant son partenariat avec SYNOX et l’impact de l’IoT sur notre environnement.
Pouvez-vous nous présenter DATA PRINT ?
DATAPRINT a été fondée en 1967 par Alain Doussau de Bazignan. Il vendait des imprimantes à aiguilles au ministère des armées. C’était un pionnier de l’importation de matériels de télécommunications, notamment de l’américain MultiTech. En 2011 Les neveux du fondateur – dont j’étais partenaire lorsque je travaillais chez MultiTech – ont repris la société et m’ont demandé de la relancer en 2013. Mission accomplie !
Aujourd’hui, DATAPRINT est toujours fournisseur-grossiste de solutions de télécommunication et de réseaux, mais nous avons réorienté notre activité. La part dédiée au machine to machine – les machines connectées à des réseaux GSM, ADSL ou fibre – diminue au profit de l’Internet des Objets (ou IoT pour Internet of Things).
Ces nouvelles technologies nous ont servi de levier de croissance : + 20% par an en moyenne depuis 2013. Nous sommes passés de 400 000 euros à plus de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires, réalisés avec sept salariés. Nous sommes leader en France sur le marché des solutions de connectivité IoT pour applications professionnelles et industrielles. La concurrence est rude, avec une dizaine d’entreprises très actives sur le marché mais aujourd’hui tout le monde regarde ce que fait DATAPRINT.
Quelle est la différence entre une machine et un objet connecté ?
Une machine comme une imprimante industrielle, qui sort des journaux sans jamais s’arrêter, vaut un million d’euros. Le matériel qui sert à la connecter au réseau pour effectuer la télémaintenance en temps réel coûte quelques centaines d’euros. Ce n’est pas un souci car le retour sur investissement est important.
Pour un objet, la problématique est très différente : on ne peut pas placer un modem à plusieurs centaines d’euros sur une ampoule qui vaut quelques centimes ! Il a fallu mettre au point une technologie de communication à un coût « acceptable » pour une ampoule. Ces technologies « low cost », comme LoRa ou Sigfox, sont arrivées à maturité et les objets connectés peuvent désormais être déployés à grande échelle.
Pour des passionnés d’informatique et de télécoms comme moi, c’est fascinant. Tous les matins, de nouveaux produits sortent sur le marché pour répondre à de nouveaux cas d’usages. Le métier de DATAPRINT est justement d’étudier les applications de nos clients pour trouver un produit qui réponde à leur besoin.
Comment allez-vous conserver le leadership sur votre marché ?
Nous continuons à structurer la société. Nous conservons nos bureaux au cœur de Paris et nous investissons dans un entrepôt déporté pour avoir davantage d’espace de stockage de nos matériels.
Coté technologie, nous attendons la 5G avec impatience. Le temps de transit de la donnée va passer de 45 à 4,5 secondes ! De nombreux cas d’usage vont être alimentés par ce très haut débit. Les premiers usagers seront, comme souvent, les militaires, parce qu’ils en ont les moyens et les besoins. Cela intéresse aussi l’avionique, la robotique, la sécurité, la sûreté nucléaire. Mais la 5G étant une technologie très chère, elle ne concerne pas les objets connectés.
Les nouvelles technologies liées à l’objet connecté sont toujours en développement, sans qu’aucune ne se détache vraiment pour le moment. Nous nous intéressons aussi aux réseaux radio pour les Smart Cities et les Smart Territoires, dont nous avons parlé durant cette édition du Cap’Iot organisé par SYNOX. Nous sommes en pleine montée en puissance des technologies françaises comme LoRa et Sigfox, qui dominent le marché pour l’instant.
Quel futur ces objets connectés nous préparent-ils ?
Feux rouges, panneaux d’affichage… tous les objets peuvent aujourd’hui communiquer. Ils vont nous offrir des commodités, une amélioration permanente de notre quotidien. C’est grâce aux données sur le trafic collectées par l’avertisseur de radars Coyote (données revendues aux sociétés d’autoroutes) qu’un panneau indique que vous arriverez dans 35 minutes à Montpellier. Cela permet de gagner du temps dans nos vies bien remplies et de dégager du temps libre pour se recentrer. Si vous êtes coincé dans un bouchon durant quatre heures, vous n’aurez pas le temps d’aller à votre cours de yoga ! Grâce au capteur placé sur le lampadaire à la sortie de l’école, nous sommes informés de tout dysfonctionnement et pouvons envoyer un technicien le réparer dans un délai très court.
Grâce aux données remontées par des pèse-personnes – de façon non nominative et dans le respect de la RGPD bien sûr -, le ministère de la Santé va pouvoir déclencher un travail d’éducation collective sur le bien manger. Le monde connecté a donc de multiples vertus ! Personnellement, je suis client de tout cela. J’aime être informé en permanence de ce qui se passe. Quel est l’état du trafic pour aller à mon bureau ? Est-ce que j’ai bien fermé les volets avant de partir ? Je reste un passionné d’innovation technologique.
Ce côté très technique qui nous permet d’envoyer des fusées dans l’espace me fascine. Tout est possible ! L’évolution est permanente. L’accélération dans le monde des technologies numériques est exponentielle. C’est vraiment excitant.
Qu’est ce qui rend ce partenariat avec Synox complémentaire et efficace ?
C’est un partenariat très fort. Nous travaillons ensemble au succès de nos clients communs. Notre objectif est de les accompagner jusqu’au déploiement de nos produits, de lui apporter un service complet et efficace. Par exemple, SYNOX a remporté le contrat de déploiement de la Smart city de la Ville de Montpellier, une des premières villes en France.
Nous leur fournissons les capteurs et le matériel nécessaires pour créer ce réseau. SYNOX les installe dans la ville et les connectent sur ses plateformes. Nous sommes le bras technique de SYNOX qui est à l’écoute du client. Montpellier a notamment des problématiques de consommation d’eau, de supervision de ses places de parking… Ces cas d’usage remontent chez SYNOX qui consulte ses partenaires pour savoir quelle solution matérielle peut être mise en place. Et nous faisons partie de ces partenaires !
SYNOX travaille en mode projet. Les circuits sont très courts : de simples e-mails et appels téléphoniques. Évidemment, nous ne travaillons pas uniquement avec SYNOX. En tant que grossiste français, nous avons plus d’une trentaine de projets Smart Cities et Smart Territoires à notre actif.
Nous fournissons des sociétés comme Engie, Vinci, Bouygues… Cette expérience nous permet de mieux conseiller nos partenaires. Pour SYNOX il est intéressant d’avoir un partenaire historique comme DATAPRINT qui rayonne sur l’ensemble du territoire, avec une culture nationale sur les différents sujets et cas d’usage. Et l’intérêt pour DATAPRINT, est que SYNOX nous aide à rendre nos produits cellulaires réellement communicants. Au niveau commercial, nous partageons des projets, des opportunités. L’intérêt est donc commercial, technologique mais aussi dans le partage de connaissances. On se challenge régulièrement. On améliore le service, l’expérience utilisateur.