La Banque des Territoires et Sofilaro entrent au capital de Synox

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Interview de Lilian Lancelot, Manager en projets de fusion-acquisition, Emmanuel Passily, Responsable d’Investissements “Villes et territoires Intelligents”, Manuel Potier, Directeur d’Investissements, Emmanuel Mouton CEO Synox et Jérôme Fenwick CTO Synox.

Retour sur l’entrée au capital de Synox par La Banque des Territoires et Sofilaro. Pourquoi avoir misé sur l’entreprise montpelliéraine et sur l’IoT ? Pourquoi parier sur les territoires intelligents et durables ? Discussion ouverte entre les dirigeants de Synox et les nouveaux investisseurs.

Le choix de Synox, accélérateur du développement des objets connectés en France et en Région

Manuel Potier de Sofilaro :
Le fait que Synox soit une entreprise régionale, créatrice d’emploi, dotée d’un projet dynamique de développement a suscité notre envie. Notre volonté est en effet d’accompagner les entreprises implantées dans le secteur géographique couvert par nos activités car cela permet de créer de la croissance et de l’emploi. De plus, concernant Synox, il y a le secteur d’activité et l’entente avec les dirigeants que j’avais croisé à plusieurs reprises à l’occasion de différents événements.

« En termes de valeur, la dimension humaine est très importante, mais aussi le fait d’être très attentif à l’impact sociétal de l’IoT »

On est en effet là dans un investissement responsable. Synox apporte un service numérique doté d’éléments de responsabilité sociétale nécessaires.

Emmanuel Passily de la Caisse des Dépôts :
A la Caisse des Dépôts, notre rôle est d’accompagner le développement des politiques locales  des collectivités territoriales et c’est sur ce point que nous voulons jouer en intervenant sur le secteur de l’internet des objets. Dans cette perspective, Synox est ressorti comme l’acteur principal qui au niveau national semblait vraiment pertinent, avec à la fois un positionnement métier mais aussi une philosophie et un positionnement marché qui nous semblait correspondre parfaitement à ce que nous recherchions.

« L’idée pour nous est de faire levier sur les compétences des collectivités territoriales grâce à des solutions numériques »

Emmanuel Mouton CEO Synox :
L’aspect humain est très important. Nous nous sommes tous rencontrés avant le projet de levée de fonds, entre nous c’est une histoire de confiance. Nous nous sommes choisis parce que nous avons des valeurs communes, notamment celle de la confiance mutuelle.

« Grâce à Sofilaro et à la Caisse des Dépôts, On va pouvoir progresser. L’ancrage sur le territoire, le développement durable et l’éthique du numérique sont au fondement de notre rapprochement »

L’argent est un outil, un levier, mais pas une fin en soi. Au-delà du montant, c’est sur les acteurs de cette levée de fonds et sur sa finalité que nous souhaitons communiquer : comment l’IoT va transformer durablement notre société et, au-delà du national, comment porter notre savoir-faire français à l’international.

Le choix et l’envie d’investir dans l’internet des objets

Emmanuel Passily de la Caisse des Dépôts :
Au niveau du Pôle que je gère, l’IoT est une brique d’un ensemble plus large. En effet, nous sommes persuadés qu’aujourd’hui la gestion des données territoriales, et je ne parle pas seulement des données produites par les collectivités, mais celles produites par l’ensemble du territoire, est un enjeu extrêmement fort. Aujourd’hui les collectivités sont en train de se faire déposséder par les acteurs privés qui maîtrisent mieux cette technologie.

« Il faut que les collectivités soient en capacité de gérer leur territoire avec les meilleures informations possibles »

Pour cela il est essentiel de produire correctement les données, et c’est là qu’intervient l’IoT et Synox. Aujourd’hui on cherche la donnée qualitative c’est pourquoi les objets connectés sont précieux. Après il faut générer de la donnée, du cas d’usage et du retour sur investissement. Cela permet de générer des services, de faire venir des entreprises sur le territoire, mais aussi des commerces. On travaille aussi beaucoup sur la dynamisation des centres-villes.

« On parle de souveraineté territoriale. L’IoT permet aux collectivités territoriales de rester en capacité de piloter des prestataires en ayant notamment la main sur le flux d’informations générées »

Manuel Potier de Sofilaro :
De notre côté on est un investisseur multi-activités, non spécialisé dans l’IoT et le numérique. Pour autant, on est convaincu que le marché va évoluer vers ça pour des questions d’usage, d’efficacité, de praticité et de sécurisation. Ce sont donc les raisons pour lesquelles on se tourne vers l’IoT. Alors pourquoi avoir choisi Synox ? Pas uniquement parce qu’il est sur notre secteur géographique, mais aussi parce qu’on pense qu’il est en capacité d’apporter ce service de qualité avec tous les niveaux de responsabilité nécessaires.

« Synox a également une grande capacité à évangéliser, c’est aussi cette facilité à transmettre qui nous a séduit »

Emmanuel Mouton CEO Synox :
J’ajouterai aussi que nous sommes agnostiques, nous ne sommes pas sur une technologie de capteur, de transport de données, de stockage ou de renvoi vers différentes plateformes. Nous répondons à l’enjeu sans imposer une vision technologique. C’est ce qui plaît aux collectivités. C’est ce qui a fait que les investisseurs ont vu en nous un acteur capable de faciliter l’usage de l’IoT pour que ce soit un vrai gain pour l’entreprise. La véracité et la sûreté de la donnée qui arrive est importante car on garantit une bonne captation dans le temps.

« Une bonne donnée, précise et fiable, est une excellente aide à la décision, c’est pourquoi il est fondamental de la capter correctement »

Emmanuel Passily de la Caisse des Dépôts :
Je vais insister sur le côté agnostique car c’est vraiment fondamental. En effet, il ne s’agit pas d’enfermer les collectivités avec des partenaires, des produits et des services imposés et donc enfermants. C’est pourquoi l’aspect agnostique de Synox est intéressant. En effet, il n’y a pas de capteurs imposés, Synox s’adapte aux équipements en place. Le côté agnostique et mutualisé de la plateforme proposée par Synox leur permet d’aller chercher les collectivités, de leur proposer un service idéal.

Emmanuel Mouton CEO Synox :
J’ajouterai que nous sommes un éditeur avec la caractéristique d’aller sur des composantes ouvertes. Parce que si on fait que de l’open source on va être que sur du sur-mesure et sur de la prestation de service très coûteuse en développement et en maintenance. En éditant des solutions duplicables et donc mutualisables, tout en restant ouvertes, on propose une véritable alchimie qui permet d’être abordable et de garantir la souveraineté des collectivités.

Jérôme Fenwick CTO Synox :
On entend dire depuis de nombreuses années que l’IoT va exploser. Pour autant, on a toujours eu le souci avec Emmanuel de se dire de ne pas partir trop tôt. Cela fait plus de 10 ans qu’on est sur l’évangélisation des entreprises et des collectivités. On a senti de l’intérêt mais pas de prise de décision. Puis une bascule assez nette s’est opérée il y a 2 ans. C’est pourquoi nous avons souhaité financer notre croissance aujourd’hui, c’était le parfait timing pour une levée de fonds.

Les perspectives de développement du secteur de l’IoT à court et moyen terme

Jérôme Fenwick CTO Synox :
On sent une accélération un petit peu dans tous les secteurs, notamment avec une explosion de l’industrie 4.0, de la smart city et du smart building entre autres. Cet essor de l’IoT et des milliards d’objets qui vont être connectés représentent pour nous le bon timing avec toute la réflexion que nous menons en parallèle sur les aspects responsables, sur le recyclage d’objets pour essayer de construire quelque chose de durable et de respectueux.

Lilian Lancelot de la Caisse des Dépôts :
Aujourd’hui on n’a pas envie que la donnée produite, et qui appartient à tous, soit privatisée par certains. Donc l’enjeu c’est aussi de savoir précisément de quelle façon la donnée va être remontée, exploitée et utilisée, au profit des collectivités et des citoyens.

Emmanuel Mouton CEO Synox :
Les objets connectés existent depuis des années ce qui change aujourd’hui c’est que cela apporte une réponse à une problématique précise, tout secteur confondu. Dans ce contexte, Synox apporte les outils simples et efficaces permettant d’y répondre. Il n’y a pas un secteur, une maison, une voiture, un équipement qui ne va pas être connecté. Aujourd’hui, le secteur est en train de se structurer et de répondre aux questions de sécurisation juridiques mais aussi environnementales.

« On va donc vers une massification de l’objet connecté mais une massification vertueuse. C’est pourquoi nous devons apporter une vision, un discours et des propositions en termes éthiques et environnementaux permettant de guider l’utilisateur et de l’aider à faire les bons choix »

C’est notre volonté chez Synox, il faut que la technologie contribue à améliorer la planète et pas l’inverse. Ce sont des bouées balancées en pleine mer et truffées de capteurs qui nous ont permis de pointer le réchauffement climatique.

Manuel Potier Sofilaro :
On rejoint complètement ce point de vue. Et c’est d’ailleurs en partie ce qui nous a poussé à investir dans Synox. On s’est choisi en tant que co-actionnaires et en tant que personnes. C’est une rencontre de compétence, d’intérêt, de projet commun, de relation humaine, de valeurs et de vision commune.

Challenges et perspectives de croissance de Synox

Jérôme Fenwick CTO Synox :
Avant de parler de challenge financier, parlons des challenges technologiques. Aujourd’hui il y a encore beaucoup de freins sur ce qu’on appelle l’interopérabilité. C’est à dire la capacité d’intégrer des capteurs qui utilisent des standards. En effet, si chaque fabriquant de capteurs définit ses propres protocoles, on va avoir du mal à capter la donnée et à l’avoir de manière partagée et intelligible. Finalement l’enjeu est de ne pas enfermer l’utilisateur dans des solutions propriétaires qui l’empêcheraient de changer de prestataires quand il le souhaite.

« Il faut aussi qu’il y ait des prises de conscience de la part des collectivités territoriales. Il faut qu’elles intègrent ces aspects dans leurs appels d’offres »

En fait, il faut que tout le monde apprenne à travailler de manière ouverte et interopérable. Un autre enjeu réside dans notre capacité à gérer des milliards d’objets.

Emmanuel Mouton CEO Synox :
Les challenges autour de l’entreprise et de sa structuration résident notamment autour des recrutements à venir, ici l’enjeu est donc humain. L’objectif pour nous est d’augmenter nos effectifs pour adresser plus de marchés nationaux et internationaux. L’enjeu réside donc dans la structuration et l’intégration des personnes. Savoir toujours garder notre âme humaine et notre agilité. C’est notre adn, ce qui assure un très bon relationnel avec nos clients et nos partenaires.

« On est finalement dans un enjeu d’innovation du management que l’on opère déjà en partie au quotidien avec un management flat et agile »

On est aussi dans des enjeux de distribution et de commercialisation, directs, indirects et réalisés par des intégrateurs. L’idée est ici de parvenir à bien opérer ces trois modes de distribution pour fluidifier les process au maximum. L’innovation est partout et à tous les niveaux de l’entreprise. Elle est financière mais aussi technologique, humaine et managériale. Tout cela fait que nous devons évoluer, nous remettre en question et progresser.

« Finalement au même titre que nous accompagnons nos clients dans la transformation numérique, nous devons nous aussi nous transformer et innover »

La levée de fonds et le cas Synox

Lilian Lancelot Caisse des Dépôts :
Dans une levée de fonds, il faut trouver le bon niveau entre la confiance, le contrôle et la construction. On a eu beaucoup de discussions durant lesquelles il a fallu parfois expliquer les choses avec pédagogie. Aujourd’hui on n’est pas uniquement là pour apporter de l’argent, on est là aussi pour accompagner la société.

Manuel Potier de Sofilaro :
La particularité de cette levée de fonds est qu’elle s’est passée durant la période COVID. En effet, alors même qu’il y a une dimension humaine dans une levée de fonds, on s’est retrouvé à faire beaucoup de visioconférences. Alors quand on est dans un processus d’alignement des parties et qu’on est confronté à devoir réaliser 80% des échanges à distance, ce n’est pas évident, et pourtant cela s’est fait et même avec un certain succès.

Emmanuel Mouton CEO Synox :
C’est une expérience, un challenge. On a beaucoup échangé, on a eu besoin d’explications et de l’accompagnement des conseillers. Nous sommes des passionnés, nous avons construit cette société, c’est notre bébé, et donc forcément on peut se sentir dépossédé durant le processus de levée de fonds. C’est très émotionnel. C’est pourquoi il est essentiel de dédramatiser avec l’aide des conseillers notamment. Il faut mettre en perspective, prendre du recul.

« Et au final, on y arrive car on a un objectif commun. Petit à petit la confiance naît »

On savait tellement quel type de typologie d’investisseurs on voulait qu’on avait déjà ciblé les investisseurs potentiels, ceux desquels nous voulions nous rapprocher.

Manuel Potier :
C’est un acte fondateur d’avoir ce type de discussion et les moments émotionnels dont parle Emmanuel Mouton sont complètement normaux. Les conseillers sont donc là pour mettre en perspective, pour faire de la pédagogie et donner du sens à certains aspects des discussions qui pourraient parfois être mal compris par les dirigeants qui ouvrent leur capital.

« Les discussions passées, actuelles et à venir sont toujours légitimes puisqu’elles sont dans l’intérêt de l’entreprise »

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